mardi 15 décembre 2015

LABLARIN'

 Lablarin'







On entends les vagues, venir lécher le sable, la roche ou des pontons de bois. On écoute une multitude d'oiseaux marins qui se houspillent. Le voile s'ouvre sur un nouveau monde alors que l'astre-roi local se lève, tout juste. On se retrouve, à proximité d'un immense bateau. Celui-ci est amarré au ponton principal. Sept mâts nous toisent de toutes leurs hauteurs. Construit avec le bois le plus noble, il brille comme si il venait de sortir du chantier naval. Déjà, plusieurs couples s'activent, à bord. De l'autre côté, une rue monte en pente douce, vers ce qui ressemble à de hautes montagnes. De belles maisons en pierres et bois se dressent fièrement, de part et d'autres d'une rue dallée. Parfois, de gros rochers ont forcés les bâtisseurs à le contourner. Ailleurs, on profite d'un défaut de la chaussée, en l'ornementant d'une belle fleur colorée. Souvent, devant les maisons, on a un parterre de plantes vivrières. Enfin lorsqu'il y a un croisement, on trouve un arbre fruitier, au bon milieu.
Les villageois se réveillent. Le premier détail qui surprend concerne le crâne chauve de tous les hommes et de tous les garçons. Le second que l'on remarque vient de leurs habitudes à marcher pieds nus. Enfin, le troisième détail est le plus surprenant mais il ne se voit pas forcément au premier abord. La couleur de leurs peaux change, en fonction de leurs humeurs, de leurs états de fatigues, de leurs émotions. Les enfants portent des vêtements (robes, pantalons, shorts, chemises, pulls ou T-shirt) d'un blanc limpide. Pour les adolescents, ils sont couleurs crèmes. Les jeunes adultes portent du jaune. Si leurs cœurs sont pris, ils passent au orange. Une fois mariés, ils revêtent du vert. Lorsqu'ils ont des enfants, ils sont en bleus. Enfin, les grands-parents et plus sont tout de rouges vêtus.
Ceci comprit, notre rêveur est surpris de croiser un homme portant des vêtements violets. Dés que quelqu'un le croise, il y a embrassades.
_ Comment va le Prêtre de Lablarin' ?
_ Très bien.... Normalement, on reçoit de la visite !
_ De qui ?
_ Tallyrra !
Tous lèvent la tête, dans l'espoir de voir quelque chose.
_ Quand ça ?
_ Ils ne devraient pas tarder...
_ Avec des Cornesdâges, comme d'habitude ?
_ Bien évidemment.
Un hennissement puissant provoque la levée des têtes, vers les cieux. Une douzaine de chevaux ailés de grandes tailles, percent les nuages. Ils ont le pelage bleu et vert. Leurs ailes hésitent entre le bleu et le violet. Une poignée d'entre eux se pose, au bout d'une rue adjacente. Là-bas, il y a de petits jardins potagers ainsi qu'un noyer et un cerisier. Au-delà, il y a une falaise, haute d'une dizaine de mètres. Plusieurs humains descendent des Cornesdâges. Ils sont nus. En même temps, c'est normal, ce sont des tallyrrans. Après quelques caresses sur le museau de leurs amis quadrupèdes, ils marchent en direction des villageois. Plusieurs visiteurs portent un panier remplit de fruits et de légumes.
_ Bonjour, enfants de la brume ! Qu'est-ce qui nous vaut cet honneur ?
_ Salutations, esprits des mers et des montagnes ! Comme si, le Grand Prêtre de Lablarin' ignorait la raison de notre présence, ici !
L'homme aux vêtements violet sourit. Les embrassades fusent entre les deux peuples. Les chevelures sèches des nudistes révèlent leurs natures ondulées et la richesse de leurs colorations. On offre les paniers de provisions puis on reçoit les remerciements d'usages. La petite troupe prend la direction de l'édifice le plus élevée de la ville. Pour ce faire, il faut escalader un bon millier de marches blanches. De temps en temps, un chemin serpente au milieu de la roche pour rejoindre une petite terrasse où pousse une multitude de fruits et de légumes. Ailleurs, ce sont quelques petites maisons qui profitent d'une vue imprenable. Des barrières de protections servent de tuteurs pour certaines plantes vivaces, à l'instar des framboisiers. Par endroits, les marches d'escaliers contournent un arbre centenaire qui apporte moult fruits.
Le petit groupe arrive enfin, tout en haut. Un vaste édifice circulaire trône de toute sa splendeur. Des colonnes de styles grecques soutiennent un toit monumental fait de pierres et de vitraux.
_ Veuillez me suivre, chers Tallyrrans.
On entre alors, à la suite des visiteurs, dans le temple local. Ils marchent sur du marbre. Les mûrs sont constellés d'écritures et de dessins. Au milieu de tout ça, il y a un bassin remplit d'eau. Du fait de la présence du prêtre, des jets d'eaux s'activent.
_ En place, Léallyana !
_ Je savais bien que vous saviez.
A ce moment là, le rêveur prend conscience de la présence d'un petit objet circulaire qui se balance au bout d'un collier. Lui-même, étant autour du cou de la jeune femme. Délicatement, elle s'immerge dans le bassin. Elle s’assoit, dans la position du tailleur puis elle ferme les yeux. Le prêtre, ainsi que les autres présents, en font autant mais sur le sol en marbre. Un silence incroyable se fait. Les jets d'eau fusionnent leurs flux pour en faire une sorte d'écran virtuel. De ci, de là, une multitude de petits cristaux réagissent en s'illuminant. Une ambiance tamisée se fait alors que les premières images fusent. Le maître des lieux a les yeux clos. Pourtant, il semble voir ce que l'attrapeur de rêve de Léallyana a capté. Ses paupières font des micro-mouvements, comme si il rêvait. Les autres convives ne perdent pas une miette du mini-film qui leurs ait projeté. Ils y voient des gens vêtus avec d'étranges habits.... Des pantalons bleus.... Des chaussures à talons hauts..... Des voitures bruyantes... Des animaux en cages.... Des animaux, victimes de la chasse.... Des chaînes de production avec une multitude de bouteilles.... Un monument en fer.... Des scènes de guerres.... Des pleurs.... De la colère..... Mais aussi des rires.... Des enfants qui jouent.... Du sport.... Des animaux terrifiants qui vivent heureux, dans la savane.... Des portes-conteneurs géants.... Des trains à grandes vitesses.... Des rues bondées.... De la course automobile.... Des avions... Des fusées... Une navette spatiale.... Un gisement de pétrole.... Une marée noire.... Un stade qui se lève pour célébrer une victoire... Bref, tout un tas de choses qui semblent étrangères à ce monde.
Le flux d'images prend fin. L'écran aqueux se volatilise. La jeune femme quitte le bassin alors que tous les cristaux reviennent à leur état normal. Le maître des lieux en fait autant.
_ Il me semble que c'est la première fois qu'un Tallyrrans nous offre un tel songe.
_ Verdict ???? Quelle signification a t'il ???
_ Bonne question, jeune amie.... Comme toi, une petite centaine de personnes ont fait le même genre de rêves que toi.... Par contre, nous ignorons quel est ce lieu si étrange.... Le tout premier livre ou cristal de nos nations racontent que nous sommes venus d'une autre planète.... Mais, pour beaucoup, il s'agit d'un mythe.
_ On a aucune preuve de ça ?
_ Mis à part, ces rêves et quelques lignes sur quelques livres antiques ??? Non... Par contre, les Obsidiens et les Azuréens se sont rendus compte que deux ADN-SOURCES cohabitaient, sur notre planète.
_ Comment ça ?
_ Les nations de Lyaluamma viennent de deux univers différents.... Qui nous a à amené là et pourquoi ? C'est un mystère.... Toujours est-il que les plus anciennes traces de civilisations ne remontent qu'à plus de huit mille ans.
_ On en est absolument sûr ?
_ Oui, puisque nos archives remontent à plus de huit millénaires.
_ Et donc qui partage la même ADN ?????
_ D'un côté, nous avons les Hostéens, les Edéniciens et les Obsidiens... De l'autre, on retrouve, outre les Azuréens, nous autres, les dix-sept cités de la Confédération Iramienne, l'ensemble des civilisations des continents Ceyltosia et Aseana... Sans oublier Valamour et Tallyrra, bien sûr....
_ En même temps, sans faire de mauvais esprits, on aurait pu s'en rendre compte tout seul. On a cinq orteils à chaque pieds, ils en ont sept. On a cinq doigts à chaque main, il en ont sept. Le plus petit d'entre eux dépasse les quatre mètres, nous, on aimerait bien être à peine moins petits.... Il y a eu des mariages entre les deux lignées, comme vous dîtes, et personne n'a réussit à avoir d'enfants... C'est curieux, non ???
_ Ceci dit, je vais partager ce rêve avec mes alter égaux... Pour savoir ce qu'ils en pensent.
_ Merci de votre accueil.... Nous rentrerons lorsque les Cornesdâges se seront reposées. L'humidité de notre île nous manque, rapidement.
_ Nous le concevons.... Avant cela, vous êtes conviés au déjeuner de l'amitié que l'on célébrera... Pour l'occasion.
Le défilé d'images se désintéresse des humains. Il nous fait traverser plusieurs rues pour stopper à quelques mètres de l'une de ses Cornesdâges. Celle-ci se repose, à l'ombre d'un cerisier, avec une vue imprenable sur le vaste océan.






15 décembre 2015
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